Interview: Nicolas BLANCHIN, PDG du réseau de mandataires Dr House Immo

Nicolas Blanchin est le PDG du réseau de mandataires en Immobilier Dr House Immo. Il a travaillé en tant qu’ agent immobilier et gère depuis plus de 20 ans des agences et des entreprises en lien avec l’univers de l’immobilier.
Quel avenir pour l’immobilier ?

Il ne se passe pas une semaine sans que l’on nous prédise une révolution de l’immobilier de transaction ou de gestion. Certains semblent avoir la chance de posséder des boules de cristal dans lesquelles ils lisent un avenir qu’ils s’empressent de divulguer dans des articles racoleurs. Les mots sont galvaudés, la confiance est malmenée et c’est l’ensemble de la profession qui paye les pots cassés. L’immobilier c’est avant tout une affaire de personnes, un affaire humaine. A l’orée d’une nouvelle année, alors que nous venons de traverser 2020 comme on traverse un mauvais rêve, il est important de tenter d’analyser l’existant pour assurer à notre métier adoré l’avenir radieux qu’il mériterait.

« La  confiance comme priorité »

La confiance est comme un vase. Un beau vase, très beau, rare, mais aussi très fragile. On sait que si l’on brise ce magnifique objet, il sera très difficile de recoller les morceaux, impossible de faire comme si rien ne s’était produit. Dans la relation humaine, la confiance est un accélérateur, un formidable libérateur de potentiel. En effet, c’est dans la confiance que le couple s’épanouit, que les entreprises prospèrent et que les familles grandissent. Cet état de confiance est finalement l’attitude saine que devraient choisir d’adopter la plupart des gens, en se basant sur le postulat suivant: Etre « de confiance » génère des relations saines, et donner sa confiance permet de s’épargner des doutes anxiogènes et chronophages. Alors à en croire certains, les vaccins que l’on s’apprête à distribuer sont dangereux, les chiffres de la pandémie sont truqués, les médias mentent et les politiques les manipulent. On ne pourrait faire confiance à personne. Mais comment souhaiter pour nos enfants une société en rupture de confiance ? Je n’ai pas la prétention de régler en quelques mots les troubles que traverse notre société. Cependant, en rapportant ce constat à notre activité il est important que l’on arrête de tous se comporter comme Patrick Bruel devant une paire de 4. (Pour ceux qui ne le savent pas Patrick est un champion de Poker, il manie le bluff à la perfection). Le rapport à l’individu se doit d’évoluer. On a pu constater ces derniers mois combien nous étions fragiles face à une menace microscopique. Alors que nous avons envoyé des fusées dans l’espace, que nous explorons la galaxie avec des télescopes, nous restons si fragiles et vulnérables, quand un virus décide de mettre un stop brutal à notre économie. Pour reconstruire, la confiance est et sera un pré-requis, il nous faut la chérir et l’entretenir en étant à la fois efficaces et transparents. C’est ici en grande partie que se joue l’avenir de l’immobilier.

« En finir avec les querelles improductives »

Chaque jour une nouvelle proptech, chaque semaine un nouveau réseau nous promettent de révolutionner l’immobilier. Est ce bien nécessaire ? Avant de le révolutionner pensons à le faire bien, à nous rendre indispensables. Il y a quelques années, certaines caissières de supermarché, fatiguées par leurs journées longues et répétitives, nous jetaient nos courses sans même un sourire ou un regard. Aujourd’hui nous payons seuls à des caisses automatiques, elles ont disparu tout comme les employés des péages. Les taxis ont failli connaître une mésaventure similaire avec l’arrivée des VTC (Uber, Cabify…). Les taxis en état de monopole ne prenaient plus le temps de dire bonjour ou bien de penser à l’amélioration de l’expérience client.

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C’est cette relation qui n’est plus souhaitée, celle où l’on paye un service sans recevoir en échange l’attention et sans pouvoir déposer en l’autre ce bien précieux qu’est la confiance. Agence ou mandataire, le débat est stérile, voire puéril. On assiste encore en 2020 à des disputes dignes d’une basse-cour où deux coqs convoiteraient la même poule. Il s’agit de prendre de la hauteur. 2020 nous a appris, je l’espère, l’humilité. Alors que l’OMS annonce que de nouvelles épidémies pourraient toucher la planète dans les années à venir, nous devons nous unir pour nous réinventer. Il n’y a pas de temps pour les querelles. Il se pourrait que le métier évolue ou disparaisse et nous serions encore en train de tenter de déterminer qui est légitime et qui ne l’est pas. Il faut avancer.

« Avancer vers les clients qui placent en nous leur confiance, parce qu’ils ont besoin de professionnels aguerris, de conseils avisés. » 

Nicolas Blanchin (Dr. House immo)

On dit souvent que tout le savoir est à portée de clic, sur Internet et c’est un fait. La seule manière de se différencier est de se former. Le temps que l’on va tous consacrer à cette partie obligatoire de notre activité nous sera sans doute rendu au centuple. Plus de connaissances, toujours plus de compétences, voila le crédo souhaité d’une profession qui devra toujours se justifier d’exister. En vous formant, vous allez gagner en CONFIANCE. Confiance en vous, puisque vous maitriserez mieux votre sujet, mais également en capital CONFIANCE auprès de vos interlocuteurs qui verront d’un bon oeil votre expertise sur des sujets complexes.

« Devenir « Customer Centric » »

Beaucoup de grosses sociétés l’ont compris avant nous. Mettre le client au centre du débat est un enjeu majeur. Quand il y a une réforme, on voit des professions en tous genre descendre dans la rue. Les professionnels de l’immobilier jamais ! Parce qu’ils sont désunis, mais aussi parce qu’ils sont résilients. Au cours de mes nombreuses années dans ce fabuleux métier, j’ai rencontré toute sorte de personnes. Ceux qui restent sont en général des gens à qui l’on peut faire confiance. Les autres ne méritent pas que l’on s’attarde sur leur cas, ils ont essayé, mais n’avaient pas les qualité nécessaires pour ce travail. Dans ce métier où l’on doit prouver chaque année, chaque semaine que l’on mérite son salaire, il est primordial de laisser une empreinte positive. Nous sommes chaque jour jaugés pour ce que l’on fait ou bien pour ce que l’on ne fait pas. C’est ainsi, scrutés, disséqués, que les professionnels de la transaction en immobilier doivent exercer. Sans certitude d’être rémunérés pour leurs heures il peuvent néanmoins espérer gagner un trésor bien plus estimable : la confiance de leurs clients. Car un client c’est une valeur inestimable. C’est pourquoi chaque année, les marques dépensent des milliards d’euros en communication pour séduire les clients. Mais souvent, une fois le prospect transformé en client, on le délaisse. N’avez vous pas eu cette sensation avec votre opérateur Internet ou votre banque ? Ils réalisent des campagnes de publicité pour vous attirer chez eux, et une fois que le contrat est signé, vous avez l’impression d’être oublié… Un classique.

« Alors que le client devrait être celui dont on prend soin, on s’occupe plus des autres, ceux qu’il faut encore séduire. »

Nicolas Blanchin (Dr. House immo)

C’est un travers que l’on peut corriger facilement. Si l’adage selon lequel le client est roi à vécu, il ne faut pas pour autant couper la tête de l’ancien monarque ! Le client doit trouver sa place dans la co-construction d’un projet, mais pour cela il a besoin également que son conseiller immobilier le guide. En avançant ensemble, en renforçant le lien de confiance, on va dans ce sens, celui d’un immobilier qui replace l’Humain au centre de ses préoccupations. Bien avant les algorithmes et les droïdes agents immobilier c’est cette attitude qui permettra aux métiers de l’immobilier d’entrer de plein pied dans leur propre futur

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